Le taux de pauvreté au Cameroun, après un net recul dans les années 90, a longtemps stagné autour d’une moyenne nationale de 40 % (40,2 % en 2001 et 39,9 % en 2007). Il se situe à 37,5% en 2014, avec une aggravation en milieu rural, doublée d’une augmentation des inégalités. Cette pauvreté endémique touche environ 26 % de la population camerounaise. Dans le même temps, la croissance économique se poursuit depuis plusieurs années à un rythme modéré, mais trop faible pour faire reculer la pauvreté et assurer le développement. Elle se situait à 5,5 % en 2013 contre 4,6 % en 2012. Son estimation à 5,2 en 2014 est en retrait des anticipations du DSCE (6%).
L’élaboration du DSCE, en 2009, a confirmé l’option d’implication des populations à la base dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. Celles-ci ont souhaité que les stratégies nationales soient l’émanation d’une vision de développement à long terme, assorties de programmes de développement pluriannuels. Après cinq années de mise en œuvre du DSCE, le Cameroun s’engage dans une nouvelle ère de développement, avec l’avènement de l’Agenda Post 2015 des Objectifs de Développement Durable (ODD) adopté à l’Assemblée Générale des Nations Unies en Septembre 2015, après un long processus universel de négociation inclusive.
L’une des sept principales contraintes identifiées par la Stratégie de Développement du Secteur Rural (SDSR), publiée en 2005, est l’insuffisance des services financiers en milieu rural. Au regard de cette stratégie, le Gouvernement, entend équilibrer le développement des régions et promouvoir la solidarité envers les populations les plus défavorisées, en usant d’instruments plus efficaces de gouvernance. Le Plan National d'Investissement Agricole (PNIA), une résultante de l’adhésion du Cameroun au Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA) fait partie de ces instruments pour lequel il est entrevu la mobilisation d’environ 3 550 milliards de F CFA, étalée sur sept ans (2014-2020).
Le PNIA propose des axes de développement couvrant : le développement des filières de production (végétales, animales, halieutiques et forestières) ; la modernisation des infrastructures de production ; la gestion et la valorisation durable des ressources naturelles ; le renforcement des capacités des acteurs et la promotion de la concertation et surtout l’élaboration de mécanismes d’accès aux financements. Une grande partie des ressources nécessaires à sa réalisation sera mobilisée à travers le secteur de la microfinance, dont le cadre réglementaire actuel est en vigueur en zone CEMAC depuis avril 2002 (règlement no 01/02/CEMAC/UMAC/COBAC).
Les nombreuses contraintes que connaît la microfinance rurale ont justifié la mise en œuvre du Projet d’Appui au Développement de la Microfinance Rurale (PADMIR) de 2010 à 2016, avec l’appui du FIDA, pour l’amélioration de l’environnement de la microfinance rurale et l’accès aux services financiers ruraux. Cette initiative s’inscrivait dans le cadre de la politique nationale de microfinance d’avril 2001, qui insiste sur le besoin de renforcer les capacités des Etablissements de Microfinance (EMF), afin qu’ils répondent mieux aux besoins des populations marginalisées.
Le PADMIR a réalisé de nombreux résultats positifs mais qui restent encore insuffisants, incomplets ou à consolider. Le taux de couverture du milieu rural par les EMF, par exemple, s’est amélioré mais demeure encore très faible, tandis que la demande des populations rurales en services financiers reste peu satisfaite. Les résultats positifs enregistrés par les nouveaux produits développés par les partenaires du PADMIR, dans leurs phases pilotes, nécessitent un accompagnement subséquent pour leur déploiement complet ou leur extension auprès d’autres caisses et d’autres localités, au profit d’un plus grand nombre de personnes en milieu rural.
L’un des résultats les plus importants réalisé par le PADMIR, à côté du renforcement des capacités des EMF (notamment en matière de contractualisation), est la mise en place d’un fonds de facilitation pour le refinancement des EMF, une expérience qu’il est nécessaire de pérenniser. Le financement des investissements liés aux chaînes de valeur à travers le crédit moyen terme présente de fortes perspectives, mais est resté dans une phase expérimentale avec la mise en œuvre du PADMIR. En outre, la couverture géographique des activités et de l’impact du PADMIR est très faible (39,65%) tandis que certains besoins des bénéficiaires restent encore non satisfaits (Adaptation aux spécificités). L’accompagnement des structures en construction est resté insuffisant et certains axes du projet, notamment le développement de nouvelles technologies et de nouveaux produits sont insuffisamment explorés.
Dans le même temps de nombreuses leçons ont été tirées du PADMIR qui demandent à être capitalisées, par la mise en œuvre d’une deuxième phase du projet afin de maintenir et consolider les acquis pour en amplifier les bénéfices, dans le contexte de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Finance Inclusive (SNFI), à laquelle le PADMIR a commencé et continuera de contribuer sur plusieurs axes, et du Plan National d'Investissement Agricole (PNIA) suite à l’adhésion du Cameroun au Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA). Le PADMIR 2 constituera en effet un élément essentiel de l’accompagnement de l’accès aux financements des ruraux et des petits porteurs du secteur rural, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté au Cameroun.
En outre, le PADMIR s’achève alors que l’un de ses acquis majeur, le « Fond de Facilitation », n’a pas encore atteint un seuil de développement et d’application pouvant permettre une évaluation de son impact en rapport avec les priorités gouvernementales, notamment la lutte contre la pauvreté en zone rurale. Il est donc nécessaire et crucial de poursuivre le travail du PADMIR, surtout en termes de services non-financiers connexes, dans une phase de maturation du « Fonds de Facilitation » dont l’institutionnalisation, à côté de celle d’autres aspects d’accompagnement technique du financement rural, relèvent de la nécessité urgente d’élargir et de pérenniser les bénéfices du PADMIR. De plus la majorité des recommandations de l’atelier de capitalisation du « Fonds de Facilitation » en mars 2016 vont dans le sens d’une poursuite des interventions du PADMIR.
La deuxième phase du PADMIR se justifie d’autant plus que d’importantes initiatives sont actuellement en cours avec des activités compatibles et étroitement liées, relevant du domaine de compétence et d’expérience du PADMIR, dans un champ d’efficacité que le PADMIR 2 pourrait permettre d’accroitre sensiblement. Il s’agit par exemple du Programme de Promotion de l’Entreprenariat Agropastoral des Jeunes (PEA-Jeunes) du FIDA, du Programme des Petites et Moyennes Exploitations Agricoles et Agropastorale (PMEAA) financé par l’AFD ou du Programme de Développement des Chaines de Valeur Agricoles (PD-CVA) financé par la BAD.
Certains de ces programmes ont de surcroit été conçus en tenant compte de l’existence du PADMIR sur lesquels ils comptent s’appuyer pour les activités relevant de la microfinance rurale. Des initiatives anciennes telles que les AGROPOLES sous la conduite du Ministère de l’Economie, de la Planification et l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) ou le Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole (PNVRA)offrent également des possibilités de développer des synergies en capitalisant des acquis du PADMIR, par une poursuite des interventions du projet dans une seconde phase.
Enfin, les appuis aux financements réalisés par le PADMIR à travers le « Fonds de Facilitation » des crédits à Moyen Terme ne sont pas encore en phase de recouvrement. D’autre part, la zone d’extension du PADMIR devrait s’étendre à toutes les régions du pays pour mieux apprécier ses impacts.